Amanohashidate

Aujourd’hui nous profitons du dernier jour de notre JR Pass pour aller le plus loin possible, en espérant rentabiliser au mieux notre achat. Nous partons donc de l’autre coté du pays, au bord de la mer du Japon, à l’un des endroits les plus beaux du pays (du moins dans les classements officiels) : Amanohashidate.

Cette petite bourgade située à plusieurs heures de train au nord d’Osaka est très célèbre grâce à sa baie qui est traversée par un petit morceau de terre de quelques centaines de mètres de largeur tout au plus. Ce petit pont de terre coupant la baie en deux, donne l’impression, vu du haut des collines qui l’entourent, de former « un pont au dessus du ciel ». Je vous avouerai que pour ce dernier point, il faut avoir un peu d’imagination. Quoi qu’il en soit, voici sa réputation, et nous allons rapidement voir ce qu’il en est !

Nous arrivons dans la petite ville par le train (comme dans la majorité des endroits que nous visitons au Japon), et prenons immédiatement la décision d’aller louer des vélos. Après avoir mangé bien sûr ! :).

Nous souhaitions depuis quelques semaines déjà faire un peu de vélo pour découvrir le Japon autrement qu’en usant nos semelles. Nous pensions même en louer une journée ou deux à Osaka, cependant nous avons vite changé d’avis en voyant le danger omniprésent que représente un vélo dans cette ville. Il y a très peu de pistes cyclables et les vélos roulent tous sur les trottoirs, ce qui rend pour tout le monde (piétons et cyclistes), l’utilisation des trottoirs dangereuse et compliquée. Difficilement possible de faire plus de 50 mètres sans devoir éviter un vélo qui passe.

Bref, voilà donc une occasion en or pour nous. dans cette petite ville il y a très peu de circulation, et le bras de terre que nous nous apprêtons à traverser n’est pas accessible aux voitures. Les magasins ont d’ailleurs bien repéré le filon, et nous trouvons sans aucun soucis des vélos dans l’un des 6 ou 7 magasins qui en proposent à la location. Nous grimpons donc sur nos selles et donnons nos premiers coups de pédales nippons. L’air frais et pur nous caresse le visage tandis que nous avançons paisiblement sur la bande de terre qui nous sépare des collines d’Amanohashidate.

En cette saison nous ne croisons que très peu de monde. Il semble que l’été, les lieux soient bien plus touristiques et que de nombreux japonais et étrangers viennent profiter alors des belles plages de sable qui bordent les deux cotés du pont de terre (du moins c’est ce qu’en disent les guides touristiques, sites internet et autres blogs). Quoi qu’il en soit nous sommes ravis de ne pas être envahis de touristes, comme ce fut le cas dans beaucoup de nos visites jusqu’à présent.

Nous descendons de vélo quelques fois pour prendre de belles photos de la plage et y ramasser quelques cailloux et autres coquillages. La dune sur laquelle nous nous trouvons fait 3 kilomètres de long et on voit, à gauche comme à droite, au travers des rangées de pins qui bordent la route, l’immensité bleue de la mer se dessiner (ou du moins la baie). Des effluves marines viennent se mêler aux odeurs de pins, et nous donnent l’impression de nous balader sur une plage des landes. Les aménagements faits sur la dune la rendent très facile à traverser, à pieds ou à vélo comme nous. Et nous l’aurons traversée en 15 à 20 minutes (sans compter les pauses photo).

Une fois de l’autre côté, nous optons pour les télésièges 1 place, qui nous permettrons de monter en haut de la colline. D’ici nous pouvons admirer le paysage magnifique. Nous profitons également de la plateforme d’observation pour respecter la tradition et regarder la vue la tête en bas, entre nos jambes. En effet, ici tout le monde fait ça, plutôt étrange ! C’est en regardant ainsi la baie et son bras de terre, que l’on a l’impression que ce dernier forme un pont au dessus du ciel. Pour que l’image soit vraiment efficace il faudrait que le ciel soit entièrement bleu, malheureusement nous n’avons pas cette chance aujourd’hui. Peu importe, nous obéissons à la tradition, et après avoir passé plusieurs minutes, tête bêche à observer la dune, il nous viens effectivement cette impression qu’elle flotte dans le ciel. Ou bien est-ce dû au sang qui est remonté en trop grande quantité dans notre tête ?!

Une fois la tradition respectée, nous montons tout en haut de la colline, grâce à un bus au chauffeur fort sympathique, qui, a tant bien que mal, essayé de nous expliquer différentes choses sur les îles des alentours, en japonais, puis en anglais (pas beaucoup plus convainquant, mais tout de même un peu mieux). Arrivés en haut de la colline, nous tombons directement sur le Nariai-ji, un grand temple bouddhiste, accompagné d’une magnifique pagode, et d’une belle plateforme d’observation, d’où l’on peut observer tous les alentours. Nous profitons quelques minutes de ce temple très imposant et magnifique, et de ce moment de spiritualité.

Ces temples perdus en haut de montagne ou en pleine nature sont mes préférés. On y croise en général que peu de touristes, et seulement les plus courageux et intéressés. Et l’on s’y sent bien. Je pourrais rester là des heures à regarder les arbres, à méditer sur les choses de la vie en observant la nature, ses bruits et ses odeurs. Ces endroits sont à la fois ressourçants et apaisants, et particulièrement ici au Nariai-ji, on ressent toutes ces bonnes vibrations qui viennent nous habiter. Mais toutes les bonnes choses ont une fin ! Nous redescendons donc dans la vallée, traversons de nouveau ce pont au dessus du ciel en quelques coups de pédales, et rentrons à nos appartements par le train de 17h30.

Le mont Yoshino

Le réveil sonne ce matin, et nous sautons du lit après la 6ème sonnerie seulement (je ne sais pas si je vous avais dit que nous ne sommes pas trop du matin …). Après un petit déjeuner habituel, accompagné de sa tasse de thé vert, nous sautons dans le métro direction la gare de Tennoji. Nous avons réservé hier soir nos places dans le train pour Yoshino, mais nous avons tout de même besoin de prendre un billet au guichet (le train c’est pas toujours facile ici). Nous faisons donc tranquillement la queue, bien qu’un peu pressés par le temps (il nous reste 10 minutes avant le départ), quand un vieux monsieur , bien habillé, pousse Mélanie d’un coup de coude pour nous passer devant. Croyant au début qu’il rejoignais la personne devant nous, nous ne nous alarmons pas plus que ça. Mais non, il était tout seul ! Et ce ******* sous prétexte qu’il est plus vieux et plus japonais que nous, nous passe devant ! Alors que nous sommes déjà en retard …

Gentils et bien élevés comme nous le sommes, nous ne dirons rien et rumineront simplement, ou le maudirons dans notre chère langue maternelle que peu de gens peuvent comprendre ici. Nous arrivons donc au guichet après avoir attendu que ce gentil vieil homme ait terminé, et tentons d’expliquer notre situation au guichetier, qui ne parle pas un mot d’anglais. Nous comprenons rapidement ce que nous soupçonnions : nous avons réservé nos sièges sur internet, mais n’avons payé que le prix de la réservation, et pas le billet. Nous prenons donc 2 billets et courrons rejoindre notre train, que nous arrivons à prendre malgré le peu de temps restant.

Quelques heures, et quelques jurons plus tard (adressés bien évidemment à notre cher ami vieillard), nous voilà à Yoshino. Nous sommes venus ici pour une balade nature. Et oui, en ce moment c’est notre période nature ! Le mont Yoshino est célèbre pour être recouvert, sur toute sa longueur de nombreux cerisiers, qui en cette période sont tous en fleur. Et ici une expression japonaise aide à décrire le lieu : « Hitome Senbon » soit littéralement « Un regard, 1 000 arbres » (ou comment voir 1000 cerisiers en un seul coup d’oeil). Nous sommes donc venus découvrir ce lieu, lui aussi classé dans l’un des plus beaux lieux du Japon.

Nous commençons la visite par un peu de marche, et grimpons plusieurs centaines de mètres de dénivelé pour arriver sur l’avenue principale de la ville, remontant la montagne jusqu’à un belvedere. L’option « funiculaire » est aussi possible, mais la queue immense (peut être 1 heure d’attente ou plus), nous a vite motivé pour la montée traditionnelle: à pieds.
Une fois dans l’allée principale de la ville / de la montagne, nous nous sommes assis quelques instants dans un petit café pour déjeuner. Nous avons rencontrés là de très gentilles femmes, avec qui nous avons échangés nos 2 mots de japonais usuels, et qui nous ont félicité pour notre maitrise du japonais (surement simplement car on leur à fait part de notre goût pour leur cuisine délicieuse 🙂 ). Repus et pleins d’énergie, nous repartîmes dans l’ascension du mont Yoshino.

En montant dans la rue principale, nous croisons plusieurs petit brocanteurs, ou nous chinons quelques beaux objets à des prix très raisonnables. Nous visitons également tous les temples qui se dressent sur notre route, et après plus d’une heure de montée dans cette atmosphère de petit village touristique, nous arrivons aux points d’observations principaux. En nous retournant vers la vue qui s’offre à nous, nous restons béats. Le spectacle est grandiose, et les japonais ne peuvent retenir leur fameux « Sugoii ! » (que nous pourrons traduire par « incroyable ! »). Sous nos yeux, la montagne que nous venons de gravir est parée de ses plus belles couleurs. Tout au long de l’arête principale, des centaines, voir des milliers de cerisiers fleuris rendent le spectacle magnifique. C’est certainement l’un des plus beaux endroits qui nous ait été donné de voir, et nous arrivons pile au bon moment. Quelques jours plus tôt les cerisiers n’étaient encore qu’en bourgeons, et dans quelques jours les pétales seront certainement au sol. Au travers des cerisiers, nous devinons les toits des maisons, et celui du grand temple de la ville. Nous remontons d’un coup d’oeil l’allée commerçante, que nous avons mis tant de temps à gravir. Mais l’effort est récompensé, nous sommes réellement ravis d’être venus jusqu’ici.

Bien que nous nous sentîmes vraiment bien, il nous fallait redescendre, pour ne pas louper le train du retour que nous avions réservé. Nous redescendîmes donc les allées de cerisiers que nous avions traversé quelques minutes plus tôt et profitâmes quelques instants encore de la douce fraicheur de la forêt, et des parfums qui s’en échappaient. La journée était terminée et il était temps de rentrer. Mais nos têtes et nos coeurs restèrent obnubilés quelques temps encore par la beauté de cette montagne. Si nous avons l’occasion, nous reviendrons ici à coup sûr !

De Kuruma à Kibune

Nous continuons cette semaine, placée sous le signe du sport et des découvertes nature ! Nous sortons d’Osaka pour rejoindre Kurama, un petit village logé au pied des montagnes, un peu au nord de Kyoto. Aujourd’hui nous allons faire travailler nos mollets et nos cuisses, puisque nous avons prévu la fameuse randonnée entre Kurama et Kibune. Cette balade au coeur de la forêt, et grimpant le long de la montagne de Kurama, est connue pour être l’une des randonnées mythique du Kansai.

Les vacances semblent être finies pour beaucoup de touristes, et nous sommes en pleine semaine, nous ne croisons donc que peu de promeneurs, et nous sommes ravis de pouvoir encore visiter le pays sans cette foule compacte que l’on peut retrouver dans certains lieux touristiques. Par ailleurs, il fait de plus en plus chaud. Même si le soleil peine à sortir le bout de son nez aujourd’hui, caché derrière d’épais nuages, il fait tout de même bon et l’air est doux. Nous avons donc ressortis nos shorts et nos T-shirts, laissant au placard les pulls et autres manteaux pour la pluie.

Nous commençons tranquillement notre ascension en suivant le chemin bien tracé, qui traverse le temple de Kurama-Dera. Nous prenons quelques minutes pour nous reposer et remplir nos estomacs de boulettes de riz, puis nous nous lançons dans la partie grimpante de la randonnée. Tout du long, le chemin est aménagé, et malgré les nombreuses marches, faisant chauffer nos cuisses, nous arrivons au sommet sans trop de peine. Le long du chemin, nous avons vu différents petits autels de prière, tous plus mignons les uns que les autres. Maintenant que nous sommes en haut nous découvrons les bâtiments principaux du temple, amassés autour d’une petite place, proposant une magnifique vue et de nombreux bancs pour les baladeurs fatigués. Nous prenons le temps de faire quelques photos et continuons notre route vers Kibune.

Le chemin grimpe encore dans la forêt, très dense maintenant, à tel point que le ciel est à peine visible. Le vent frais et rafraichissant vient lécher notre visage, apportant l’énergie et le courage nécessaire pour continuer à grimper. Le sentier se rétrécit maintenant et nous semblons arriver proche du sommet. L’ambiance est très calme, à part le bruit des branches qui craquent sous nos pas, et quelques oiseaux qui prennent leur envol en nous voyant arriver. Les touristes se font encore de plus en plus rare, et nous passons même plusieurs dizaines de minutes entièrement seuls, profitant de la forêt qui nous entoure. Arrivés au sommet, un croisement nous propose d’aller voir un temple quelques mètres plus loin. Ici les racines des arbres ressortent de la terre et s’entremêlent, formant un tapis de bois. C’est magnifique et plutôt impressionnant. Nous traversons ce tapis de racines, prenant garde à ne pas trébucher, et arrivons à un petit temple shinto. Nous sommes au beau milieu de la forêt et de nombreux bancs ont été installés ici pour contempler la nature. La divinité vénérée par ce petit temple est un arbre, très imposant de par sa taille et l’épaisseur de son tronc. Nous prenons quelques minutes pour nous reposer et écouter la douce voix de la forêt qui nous parvient au travers des grands pins qui nous entourent. L’endroit est très paisible, et ressourçant. L’esprit de la forêt est là tout autour de nous.

Une fois nos forces récupérées, nous entamons la descente vers Kibune, un petit village au creux de la vallée. Nous dévalons de nouveau un très long escalier, de terre et de bois, reliant les divers temples et autels de la montagne. De ce coté de la balade, le chemin est beaucoup plus fin et parfois un peu escarpé. Mais cela reste tout de même très bien aménagé, et n’est aucunement comparable aux randonnées sportives que nous trouvons dans nos chaînes de montagnes françaises. Ici les personnes âgées viennent en pèlerinage, pour prier dans les différents temples. La balade se doit donc d’être un minimum accessible. Après plusieurs dizaines de minutes de descente, nous arrivons à la petite ville de Kibune. Une seule route court le long de la vallée, bordée de maisons et longeant une petite rivière. On trouve tout de même quelques restaurants et une ou deux boutiques. Mais nous préférons continuer notre chemin jusqu’au beau temple de la ville. Nous sommes encore pratiquement seuls, et c’est très agréable. Nous prenons quelques minutes de repos sur un banc, à l’intérieur du temple. Puis redescendons la rue du village, jusqu’à la gare depuis laquelle un train nous ramènera jusqu’à Osaka.

Cette balade revigorante aura tout de même bien fait travailler nos jambes. Et les courbatures se feront sentir dès le lendemain. Heureusement nous ne sommes pas pressés par le temps, et nous prendrons une journée pour nous remettre de nos émotions.

 

Nos semaines ici, sont souvent ponctuées de journées où nous nous baladons simplement dans la ville. Ces journées de découvertes, non moins passionnantes que les balades à la campagne, sont moins chargées, et je prendrais très bientôt un peu plus de temps pour vous en conter le contenu. Quoi qu’il en soit, j’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur des libertés que j’ai pu prendre dans la chronologie de la narration.

Bonne lecture et à très bientôt pour de nouvelles aventures !

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