Il ne nous reste que 2 semaines de voyage, et avant de nous rendre sur les îles du Sud de l’archipel, nous avons prévu de faire une petite visite du Nord de Kyushu. Nous avons donc choisi pour quartier général Fukuoka. Il s’agit d’une des plus grandes villes de Kyushu, très facilement accessible depuis Hiroshima, par un petit trajet en Shinkansen, elle est aussi bien située pour visiter le Nord de la quatrième île principale de l’archipel.
Le coté sombre
Nous arrivons sur place par une belle après-midi, et décidons de faire un petit tour au cœur de la ville. Nous nous dirigeons donc immédiatement vers le quartier de Nakasu. Il s’agit d’une petite île, nichée au cœur du fleuve Naka. On y trouve de nombreux immeubles vieillissants, salis par le temps et la pollution, pleins de restaurants et de bars aux airs parfois lugubres, et également de nombreux établissements plus que douteux. Ça peut paraître étonnant mais ce quartier à un charme fou ! Ce coté un peu « deep » est vraiment fascinant. A la tombée de la nuit, les boites de nuits commencent a s’éclairer, quelques yatai viennent s’installer sur les bords du fleuve et les bruits des verres qui trinquent commencent à se faire entendre, noyés au milieu des rires bruyants de japonais. L’ambiance est très festive, et même si quelques ruelles auront l’air un peu « glauque », le Japon reste un pays très sûr, donc on ne se sent pas en danger.
Ici on ressent beaucoup plus l’esprit du « Sud ». Les gens semblent plus joyeux, plus fêtards et l’ambiance est plus à la détente que dans les grandes villes. Des musiciens entonnent un air de guitare ou de shamisen et chantent sur les pont reliant l’île au reste de la ville. On se sentirait presque chez nous (si il n’y avait pas cette langue toujours si compliquée à comprendre) !
Une ville moderne
A coté de ce quartier un peu « deep » de Nakasu, faisant penser aux séries sombres des années 80, on retrouve également beaucoup de modernité à Fukuoka. Quelques jours plus tard, nous visitions encore la ville, et plus particulièrement tous les coins à boutiques, pour flâner et tenter d’y dénicher encore quelques souvenirs. Nous commençons notre visite par le centre commercial Canal City. Il s’agit d’un immense complexe, ultra moderne, sur plus de 7 étages, et étalé dans 4 immeubles. Au cœur du centre commercial, un petit canal cours, orné de nombreuses plantes et de quelques bancs pour se reposer un peu les jambes. Une grande fontaine fait office de place centrale, où des spectacles de projections d’eau, sons et lumières ont lieu régulièrement. C’est vraiment impressionnant et ceci dénote beaucoup avec le charme des petites ruelles et les sanctuaires Shinto que l’on trouve tout autour du quartier. Ici c’est le temple du shopping. Toutes les grandes marques y sont, et on trouve également de petites boutiques au sous-sol, vendant toutes sortes de figurines, de peluches, d’images d’idol (ces stars idolâtrées) et bien plus encore. On notera, pour les grands fans comme nous, une boutique Donguri (boutique officielle vendant les produits dérivés des studios Ghibli). Nous avons eu de quoi bien occuper les quelques heures que nous avons passé là, durant lesquelles nous avons pu également ravir nos papilles avec notamment le Ramen Stadium :
un étage ou sont rassemblés des vendeurs proposant des ramen de toutes les régions du Japon, mais aussi en dégustant une bonne crêpe façon japonaise (pliée en cône et garnie) au sous-sol du centre commercial.
Un peu plus loin, mais toujours au cœur de la ville, se trouve le quartier de Tenjin, dans lequel nous avons aussi trouvé de très nombreux endroits pour dépenser de l’argent. Il y a tout d’abord ce grand souterrain, reliant les deux lignes de métro entre elles, et proposant des dizaines et des dizaines de boutiques en tout genre. C’est très agréable de s’y promener car il y fait frais en été (et certainement chaud en hiver). Au niveau de la rue, il y a aussi d’innombrables immeubles de centres commerciaux. C’est vraiment le quartier où aller pour faire une journée shopping réussie !
Un peu d’histoire et de verdure
A quelques kilomètres de là nous découvrons une autre facette de la ville de Fukuoka. Nous nous baladons maintenant dans le quartier « nature » de la ville. Le grand parc du Ohorikoen abrite notamment un grand lac, sur lequel de petites îles sont reliées entres elles par des ponts. Formant un magnifique parc arboré, semblant flotter sur l’eau, et où les habitants locaux aiment venir se promener et se reposer. On y croise de nombreuses familles, certaines font même du pédalo ou de la barque sur le lac. On peut aussi croiser des étudiants, venus profiter du beau temps et du soleil après les cours. Certains sont même là pour leur séance de sport, accompagnés de leur professeur, pratiquant athlétisme, ou sports d’équipe. Un grand espace plat, recouvert de pelouse, semble même prévu à cet effet. Quelques enfants essaient aussi d’attraper les poissons du lac avec leur canne à pêche et leurs appâts.
Au coeur de ce parc très vivant, se dressait autrefois le château de Fukuoka. On peut aujourd’hui encore en voir quelques constructions. Notamment la porte Nord, permettant de rentrer dans le parc, mais aussi les bases des tours principales, bien que celles-ci aient toutes été détruites. La balade est très agréable et permet de grimper jusqu’à un joli point de vue ou admirer l’ensemble de la ville. On peut également observer les ruines des murs du château et quelques panneaux indicatifs vous raconterons son histoire.
Cette grande zone de verdure se situe à deux pas d’autre merveilles de Fukuoka, et notamment le sanctuaire Gokoku. Il s’agit d’une immense bâtisse, construite au cœur d’une petite forêt, et s’ouvrant sur une immense place traversée par un grand chemin. Ici ont lieu les mariages les plus prestigieux de la ville. Outre ce grand bâtiment, le Gokoku renferme également plusieurs petits autels, afin de satisfaire différentes divinités Shinto. Le lieu est vraiment impressionnant de par sa structure et son utilisation de l’espace, mais on retrouve aussi bien le coté spirituel et rassurant des sanctuaires Shinto proches de la nature. Il vaut vraiment le détour.
Le retour dans une ville « bordélique »
Ce que nous apprécions particulièrement dans certaines grands villes du Japon, mais que nous n’avions pas vraiment retrouvé à Hiroshima, est le coté « bordélique » des villes. Les ruelles s’entremêlent dans un méli-mélo sans aucune structure logique. De grand buildings de verre et d’acier ont pour voisins de petites maisons de bois pittoresques et on ne décèle, dans les constructions comme dans l’organisation, aucune homogénéité. C’est une caractéristique propre au Japon (ou peut-être pour être plus large, à l’Asie). C’est notamment le résultat d’une politique d’urbanisation basée sur le renouveau. Ici le terme « Entretien » ne semble pas exister. Les bâtiments sont construits pour être éphémères, ils ne sont que peu entretenu, et 10 ou 20 ans plus tard, il seront démolis pour en construire de nouveaux. Cela donne ce résultat de villes aux airs de brouillons, dans lesquelles nous aimons tant nous promener, et nous laisser surprendre, au détour d’une ruelle, par la forme ou la taille d’un bâtiment.
Nous sommes ravis de retrouver cette ambiance ici. Bien qu’Hiroshima soit une très belle ville, verdoyante et respirante, son modernisme la rend, dans certains aspects, triste. Les reconstructions d’après-guerre ont formé une ville carrée, où les avenues larges sont coupées perpendiculairement par d’autres boulevards tout aussi larges. A Fukuoka par contre on retrouve cette folie, cette anarchie urbaine, caractéristique des grandes villes japonaises.
Une ville de cœur
Pour conclure sur Fukuoka, je dirais qu’il s’agit d’une ville de cœur. Elle recèle des secrets et revêt de nombreux apparats. Mais ce qui nous marque surtout ici, c’est que l’on se sent bien. On retrouve un rythme « cool » comme on peut ressentir dans les villes du Sud de la France. Il y a aussi de quoi se reposer coté plage, et la nature environnante cache de nombreux trésors. Bien que peu connu des touristes Français, c’est un endroit très agréable, idéal pour passer de belles vacances comme les nôtres, et certainement aussi pour y vivre ! 😉